Karen avait roulé une bonne partie de la journée et avait multipliée les courtes haltes.
Il n’y avait aucun caractère d’urgence à faire absolument un papier ou des clichés, et ce n’est qu’en lisant un article dans une revue spécialisée qu’elle avait pris la décision de se rendre à Somber City.

Idéalement située sur la cote, cette ville moyenne de Caroline jouissait d’une réputation de cité calme et accueillante pour les touristes.
Dans un premier temps, Karen avait donc prévu du farniente et de longues ballades tranquilles, à la découverte de la faune et de la flore.
Si la plongée sous-marine était possible cela serait un plus, mais de toutes façon elle avait envie de prendre son temps et de renouer avec ses premiers amours, la photo en tout genre : paysage, portraits, nus.
Il serait temps lorsqu’elle serait reposée de penser à se renseigner sur cette rivalité entre Chris et Johnson et d’évaluer si cela présentait un intérêt d’en faire un papier ou non.

Elle gara son cabriolet Peugeot sur une des places de Somber, qui lui semblait centrale au vu des artères qui y arrivaient et des nombreux magasins qui ornaient son pourtour.

*chouette un centre ville comme je les aime, avec le maximum de choses à proximité*

Elle hésita avant de descendre de recapoter sa 307, puis opta pour la laisser ainsi, sans rien de tentant sur les siéges.

L’entrée de « Le Globe », hôtel 4 étoiles, était à quelques mètres et elle y pénétra, appréciant la fraîcheur et le charme discret de l’établissement.
Les formalités durèrent le temps de le dire et Karen accompagnée du chasseur qui s’était occupé de ses bagages sortie de l’ascenseur au 7é étage pour accéder à la suite qu’elle venait de réserver en attendant de trouver un appartement, la vie en hôtel lui convenant pour un laps de temps limité.

Un grand salon, un bureau équipé de tout ce qui était nécessaire à une journaliste et une immense chambre avec la salle de bains attenante.
Et un balcon avec une vue imprenable sur l’océan.
Un vrai petit paradis .

Le chasseur parti, Karen entrepris de vider ses valises puis une fois ses affaires installées, elle passa dans la salle de bains.

La baignoire avec ses promesses de jets et de bouillons lui tendait les bras, mais elle opta pour une douche fraîche, plus réparatrice de la fatigue du voyage.
Elle sortit nue sur le balcon, profitant du léger vent tiède qui soufflait, avant de rentrer et passer un pantalon de lin clair et un chemisier noir boutonné sous les seins.
Elle alla grignoter au buffet, regardant les clients qui se dirigeaient vers la salle à manger, et après réflexion se dirigea vers la sortie.

Elle parcouru la place, s’arrêtant devant les vitrines toutes plus sollicitantes les unes que les autres et se retrouva devant le Lou’s Tea, café/salon de thé qui lui semblait d’un certain standing.
Karen hésita entre terrasse et petit salon feutré aux lumières adoucies et choisit ce confort au passage de la terrasse.

Elle s’installa sur une banquette d’où elle pouvait englober l’ensemble des consommateurs sans pour autant paraître inquisitrice.
Son Martini Gin bien frappé à la main elle laissait son regard voguait sur le décor du salon, voyant à peine les personnes qui l’entouraient.

Perdue dans ses pensées, donc somnolente, ses yeux s’étaient fixés sur un tableau moderne accroché au mur, qui contrastait avec l’ambiance feutrée de l’endroit.

Elle ne fut tirée de sa rêverie que lorsqu’elle se rendit compte qu’elle fixait intensément, sans le vouloir, la jeune femme qui était assise sur la banquette en dessous du tableau.

Karen fut gênée de cette situation et regarda dans une autre direction, sans pouvoir éviter de revenir dans le même axe, attirée non plus par le tableau, mais par la prestance de cette jeune personne.
Asiatique aux cheveux noirs longs et en cascade sur les épaules, une grande douceur et sérénité se dégageait de cette inconnue, qui avait croisé le regard de Karen et avait esquissé un sourire en voyant son embarras.

De nature ouverte, Karen, n’y tenant plus, pris son verre et se dirigea vers l’espace ou tableau et inconnue agissaient conjointement comme des aimants.

« Bonsoir. Excusez mon incorrection, mais j’avoue que vous avez complètement occulté ce magnifique tableau que je regardais dans un premier temps. Je m’appelle Karen et suis journaliste photographe. Je peux m’installer quelques instants à votre table ? »

De prés elle était encore plus sublime et Karen fouillait dans sa mémoire pour se remémorer une photo, un cliché.
Rien ne lui revenait en tête et ce n’était pas possible qu’elle ne soit pas dans la mode ou le mannequinat.
Elle trouverait bien et attendait une réponse à sa demande.