- L’amour passe, l’amitié reste…
- En es-tu bien certain ?

Edward Chris regarda son ami Jeremiah Johnson dans les yeux. Jeremiah, toujours si terre à terre, toujours si réaliste. Voilà qu’il mettait en doute une amitié vieille de près de 50 ans… Il mettait en doute bien plus que cela. Il doutait de toute une vie, celle qu’ils avaient passée côte à côte, dans les bons et les mauvais moments. Il doutait de tout ce qu’ils avaient pu construire, y compris leur belle entreprise, celle qui bientôt serait à leurs fils. Edward était prêt à s’énerver… pourtant, il n’avait pas tort.

Leurs idées commençaient sérieusement à diverger. Pourtant, jusque là, ils avaient été d’accord sur tout. Mais les années passant, la vie ne faisant pas de cadeaux et rapprochant des êtres qui ne devraient pas se rapprocher, Edward et Jeremiah n’étaient plus si bons amis.

Jeremiah avait bien tenté de ne pas tomber sous le charme de la belle épouse Chris. Mais pas plus que son ami, il n’avait su l’éviter… Edward ne savait encore rien, mais les regards ne trompaient pas. Ce jour-là, Jeremiah venait d’annoncer à demi-mot à son ami qu’il était prêt à renoncer à leur amitié, à leur entreprise, à l’histoire de toute une vie pour un amour qui peut-être n’était que passager.

Cette simple question, "en es-tu bien certain ?", venait de changer la face de Somber City à tout jamais.
Avec les années, l’amitié devint haine. La descendance suivit leurs traces, entrainant avec eux des bagarres et des animosités de plus en plus graves.

En 70 ans, les choses ne firent qu’empirer. Les Chris et les Johnson, représentés chacun par une compagnie, reflet de la dure séparation des deux familles, se détestaient. De plus en plus. Les Johnson avaient trompés les Chris quand Jeremiah avait choisi l’amour pour l’épouse Chris plutôt que son amitié avec Edward. Les Chris leur feraient payer, c’est certain.

Mais les choses étaient encore vivables, jusqu’à ce que le décès de la nièce Johnson, Molly, vienne tout aggraver. A cette époque, la nôtre, la guerre entre les deux familles se fait entre Julian Johnson et Dan Chris. Une haine pas du tout affaiblie par les années, bien au contraire.

Molly a été retrouvée morte, une balle dans la tempe. Suicide ? Les Johnson n’y croient pas du tout ! La jeune femme était en parfaite santé morale et physique, pourquoi aurait-elle fait cela ?
Les choses devinrent réellement invivables lorsqu’un Johnson affirma à la police qu’il avait vu des Chris rôder autour de l’appartement de la jeune femme… le soir de son décès.

De la drogue a été retrouvée dans la chambre de Molly, fournie par les assassins Chris d'après les sources de la famille Johnson, et l'autopsie révèlera que la victime en avait consommé, ainsi que de l'alcool, et qu'elle avait eu des rapports librement consentis.
La famille Chris, de son côté, estime être l'objet de diffamation, ces allégations ayant été lancées dans le seul but de lui nuire.
Sans preuve tangible, la police quant à elle conclut à un suicide et clôt le dossier.

Cela ne fait qu’empirer les choses. Les Chris, révoltés, unissent leurs forces, surtout au sein des plus jeunes et des plus rebelles, pour scinder la ville en deux. Le Maire, homme sans autorité et dépassé par les évènements, laisse la ville aux mains des opposants et se contente de percevoir son salaire, à la grande satisfaction des deux clans. La Police municipale, si peu soutenue par son chef, ferme les yeux sur les excès et Somber devient un Berlin sans mur, mais bien séparée en deux.

Chacun doit inévitablement choisir son parti : celui des Chris ou celui des Johnson. Quiconque se dira neutre court un grave danger, d’un côté ou de l’autre de la ville. Les jeunes ne font pas de cadeaux à ceux qui osent s’aventurer dans les parties de la ville qui ne leur appartiennent pas.

Désormais, c’est chacun son camp, les amitiés fondées jusque-là, les amours, les flirts, les sorties,… oubliez tout cela… sauf si vous êtes téméraires. Mais attention au danger, regardez où vous mettez les pieds… Un Chris ou un Johnson ne manquera pas de vous remettre sur le droit chemin : le sien.